26 août 2009

EVERYTHING IN IT'S RIGHT PLACE.

Hier, peu avant midi, j’ai fait la lecture de , extrêmement bien ficelé, annonçant la sortie de l’édition spéciale de collection du 4e album studio de Radiohead, Kid A.


Rob Mitchum y pose un constat au sujet de la version originale (parue en octobre 2000) qu’il considère comme étant l’une des dernières perles musicales à avoir été consommée intégralement et physiquement. C’est-à-dire à avoir été acquis, contre de l’argent, par désir de posséder le disque, l’objet en tant que tel, par les adeptes du groupe. Il ajoute que l’album, pour être apprécié à sa juste valeur, se doit d’être honoré à l’état matériel, ne serait-ce que pour le travail graphique troublant de cet opus, conçue par Stanley Donwood; graphiste officiel du groupe.

Cette lecture m’a remémoré ma découverte du dit groupe, qui fut un véritable chamboulement auditif et émotionnel; origine de mon amour tangible pour la musique.

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J’avais 12 ans et chaque soir à 18h, je m’enfermais dans ma chambre pour écouter les « 6 à 6 », à l’antenne de la radio montréalaise CKOI, armée d’une cassette et d’un magnétocassette; prête à enregistrer les nouvelles apparitions dans ce palmarès qui, en 1995, était composé principalement de dance et d’alternatif.

Le titre High and Dry, de leur 2e album The Bends, demeura dans le palmarès quelques semaines. Une fois capturée (par une pression agile sur la touche ‘’REC’’ qui fonctionnait une fois sur deux), j'ai écouté la pièce à répétition durant plusieurs semaines sans m'en lasser. J'aimais la voix de Thom, aiguë par moment, l'introduction de la batterie, la guitare...

Trottant un peu partout, mon walkman General Electric solidement fixé à la taille; j’essayais de comprendre les paroles moi qui, à l’âge de douze ans, n’avait que 6 mois de bain linguistique en anglais derrière la cravate.

Je n'ai jamais demandé à mes parents de me procurer le disque. L'animateur de radio n'avait pas mentionné le titre de l'album; seulement la pièce. Je ne voulais pas les embêter avec ça; mes soeurs et moi étions raisonnables pour ce genre de trucs. Je me suis donc contenté de cette pièce longtemps... rappelons qu'Internet n'avait toujours pas fait son intrusion au sein du nid familial.

Plus tard, à 15 ans, le vidéoclip Karma Police eut un effet dévastateur. Je ressentis un grand malaise; une émotion vive qui m'était alors étrangère. J'étais à la fois fascinée et troublée par ce que j'avais vu/entendu (d'où l'importance du vidéo; parfois). Dommage que la chaîne musiqueplus ne soit plus ce qu'elle était jadis...

Cette fois-ci, je me procurai l'album... illégalement; je l'avoue. À l'heure où les graveurs faisaient leur apparition, où le piratage n'était pas tout à fait un fléau, et où je gagnais 3$ de l'heure à garder des enfants... C'est via le réseau de discussion mIRC, sur des salons d'échanges tel que #mp3passion, que j'ai téléchargé les pièces de leur 3e album, Ok Computer, une à une. L'opération s'est échelonnée sur plusieurs semaines; le temps de téléchargement d'un titre pouvait durer plus de deux heures, ou plus si Internet plantait à 90% du téléchargement... Après quoi fallait-il encore que le graveur fasse son travail convenablement... En y repensant; je ne regarderai plus ma copie de la version physique et originale d'Ok Computer de la même façon...

Somme toute, j'ai dévoré l'album (piraté oui), en boucle, non-stop, continuellement pendant des mois et des mois... Analysant les textes et la lourdeur de leurs propos, amplificateurs de ma déprime de l'époque; adolescence oblige...

C'est à 17 ans que j'achetai mon premier album de Radiohead, Kid A, quelques mois après sa sortie (tout cela pour en revenir au point de départ de cette missive me direz-vous...).

4 commentaires:

  1. MANIFESTEment ... ce fut une expréeince des plus agréable de lire ce post.

    Merci gente dame de partager avec autant de détails, de précisions et de ressentie une partie de vous avec autant de générosité !

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  2. Aaaahhhh le 6à6 de CKOI, si j'en ai fait des cassettes achetées à 1$ chez CPC en écoutant la voix du jeune Denis Fortin!! J'étais en amour avec les Smashing pumpkins a cette époque..... J'avoue avoir été troublé moi aussi par le clip de Karma police, mais la piece (et le clip) qui m'a fait découvrir et aimer Radiohead est définitivement Paranoid Android que je jouais sur repeat depuis l'album ''Big shiny tunes vol II'' haha méchants souvenirs!!
    Très bon ce billet Sophie!! On se croise bientot dans une radio pres de chez vous ;)

    Keewan

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  3. Ahhh les « Big Shiny Tunes » 2 et 3; particulièrement bons. J’ai conservé plusieurs de ces cassettes d’enregistrements des palmarès du 6 à 6. Je prendrai du temps pour les réécouter; et écrirai peut-être là-dessus, un jour. C’était une bonne période, le milieu des années 90, plus pour le penchant alternatif que pour le dance. Moist, Live, REM, Oasis, Garbage et les Smashing Pumpkins surtout ! J’ai ressorti la compilation Rotten Apples il y a deux semaines; que j’écoute dans la voiture depuis; difficile de s’en lasser :) Merci pour ton commentaire; on s'arrange pour se croiser ! De retour à Trois-Rivières le 7 septembre.

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  4. ... 1992... tard un vendredi soir... Nu Musik à Musique Plus... Creep... Hummm, intéressant, me dis-je... Lendemain, passage à la petite boutique d'importations de la rue Royale : Tabou... L'album de Radiohead, vous avez?... Radio qui?... Head. Connais pas... Ah bon... 3-4 mois plus tard, tout le monde chantait "... fucking special..." Moi, je n'entendais pas, j'avais les oreilles pleines de ce que les gens n'entendaient pas encore...

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